The impact factor, once a simple way to rank scientific journals, has become an unyielding yardstick for hiring, tenure, and grants.
Le physicien Leó Szilárd a imaginé, dans une nouvelle de science-fiction intitulée La Fondation Mark Gable, que le besoin se fasse sentir de retarder le progrès scientifique. Avec beaucoup d'ironie et de mordant, il décrit la solution suivante :Vous pourriez créer une Fondation, dotée de trente millions de dollars par an. Les chercheurs impécunieux pourraient demander une subvention, à condition que leurs arguments soient convaincants. Organisez dix comités, composés chacun de douze savants, et donnez-leur pour tâche de transmettre ces demandes. Enlevez à leurs laboratoires les savants les plus actifs et nommez-les membres de ces comités. Prenez les plus grands savants du moment et faites-en des présidents aux honoraires de cinquante mille dollars par an. Fondez vingt prix de cent mille dollars à attribuer aux meilleures publications scientifiques de l'année. [...] D'abord, les meilleurs savants seraient enlevés à leurs laboratoires, et passeraient leurs temps dans les comités à transmettre les demandes de subvention. Ensuite, les travailleurs scientifiques impécunieux s'appliqueraient à résoudre des problèmes fructueux qui leur permettraient presque certainement d'arriver à des résultats publiables. Il est possible que la production scientifique s'accroisse énormément pendant quelques années. Mais en ne recherchant que l'évident, la science serait bientôt tarie. Elle deviendrait quelque chose comme un jeu de société. Certains sujets seraient considérés comme intéressants, d'autres non. il y aurait des modes. Ceux qui suivraient la mode recevraient des subventions, les autres, non. Et ils apprendraient bien vite à suivre la mode.
(Traduction de Nicolas Witkowski dans Une histoire sentimentale des sciences, Le Seuil collection Point sciences, 2005.)
Retour à ma page