Lettre ouverte de l'Assemblée des Directeurs d'Institut de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques (ADIREM ) au Président de la République et au Premier Ministre



Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,

Les vingt-six directeurs des Instituts de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques ont décidé, à l'unanimité, qu'il était de leur devoir de vous alerter sur la situation extrêmement proccupante de l'enseignement en France.

Par ses propos méprisants et ses prises de positions arbitraires, le Ministre de l'Education Nationale :

- jette l'opprobre sur les fonctionnaires,
- donne une image très négative de l'Ecole de la République,
- provoque l'irrespect des parents et des élèves à l'égard des professeurs,
- incite les élèves à la paresse intellectuelle ( à quoi bon étudier des disciplines dévaluées ?),
- décourage les professeurs dans l'exercice quotidien de leur difficile métier.

Nous ne comprenons pas pourquoi le Ministre s'acharne à jeter le discrédit sur la compétence et le travail des enseignants. Le moral et la sérénité des professeurs sont des éléments essentiels de leur efficacité devant les élèves. Par nos fonctions, nous sommes particulièrement bien placés pour attester qu'un grand nombre de professeurs se dévouent pour leurs élèves, et pas seulement pendant leurs heures d'enseignement, contrairement à ce que peuvent faire croire les récentes déclarations du Ministre sur FR3.

En ce qui concerne les mathématiques, nous sommes consternés par la naïveté des propos réitérés du Ministre tendant à faire croire que, du fait de l'existence de machines, les mathématiques se dévaluent et leur enseignement devient superflu.

Dénigrer publiquement le caractère fondamental d'enseignements comme celui des mathématiques est socialement suicidaire tant les effets de masse peuvent, à terme, être désastreux au niveau de la Nation.

On attendrait plutôt d'un Ministre de l'Education Nationale qu'il réaffirme un objectif essentiel de l'Ecole : faire réfléchir les élèves, développer leur esprit critique, leur donner les moyens intellectuels de maîtriser les techniques. En mathématiques, cela ne se réduit pas à "appuyer sur des boutons".

Comme citoyen, la révolte ouverte contre ce travail de sape s'impose. Nous vous demandons d'intervenir.

Veuillez accepter, Monsieur le Président de la Rpublique, Monsieur le Premier Ministre, l'assurance de notre sincère dévouement et de notre profond respect.

A Paris, le 14 mars 2000


B. André (Lorraine), A. Antibi (Toulouse), M. Artigue (Paris 7), H. Authier (Reims), A. Bellido (Limoges), G. Blanc (Marseille), M. Bourbion (Paris-Nord), G. Damamme (Caen), A. Delcroix (Antilles-Guyane), J.P. Drouhard (Nice), Y. Ducel (Besançon), C. Dupuis (Strasbourg), T. Giorgiutti (Brest), D. Guin (Montpellier), J.P. Lamarche (Orléans), M. Legrand (Grenoble), M. Léonard (Rouen), L. Magnin (Dijon), M. Mizony (Lyon), A. Morin (Rennes), A. Noirfalise (Clermont-Ferrand), M.J. Pomerol (Picardie), J. Souville (Poitiers), P. Terracher (Bordeaux), B. Truffaut (Nantes), V. Vassallo (Lille).